Article JSL – 22.08.2025

Rugby : les filles s’en mêlent aussi

La Coupe du monde de rugby féminin débute ce vendredi 22 août en Angleterre, jusqu’au samedi 27 septembre. Mais il n’y a pas que de l’autre côté de la Manche que les filles jouent au ballon ovale, en Saône-et-Loire aussi, parfois très bien, au point d’être sélectionnées dans le XV de France féminin.
Nicolas Desroches 

L’équipe féminine des Coquelicots, moins de 18 ans, du Rugby Tango Chalonnais à l’entraînement. Elles ont repris depuis ce lundi.  Photo Nicolas Desroches

En shorts, tee-shirts, chaussures à crampons et cheveux tirés en queue-de-cheval, les filles des Coquelicots (du club de Chalon-sur-Saône) attendent les directives de leurs entraîneurs. Elles ont toutes moins de 18 ans et jouent au rugby.

« Nous sommes des rugbywomen », lance en rigolant Maurinne Barrière, 14 ans, de Buxy. Même si son père, Benoît, a pratiqué le rugby une vingtaine d’années avant de devenir entraîneur, il n’a pas trop voulu voir sa fille s’y mettre. « Je la trouvais trop frêle et fragile, concède-t-il. J’ai préféré qu’elle fasse de la natation. Au bout de trois ans d’insistance, quand elle avait pris plus de volume, j’ai cédé. Elle n’avait que 10 ans. C’était une gamine. »

Des mêlées encadrées

Désormais, Maurinne se trouve dans la mêlée au poste avant. « Avant de faire la mêlée jusqu’à pouvoir récupérer le ballon, il faut que les filles aient un “Pass” délivré par la Ligue à la suite de tests, prévient-elle. Quand elles ne l’ont pas, on fait uniquement des simulations de mêlées pour éviter les chocs. Pour ne pas me blesser, je mets toujours un casque et un protège-dents. »

Un sport de famille et d’amitié

Alice Gastaldo, 14 ans, de Givry, est venue regarder sa sœur s’entraîner. « C’est d’ailleurs en venant la voir que j’ai voulu m’y mettre aussi, raconte-t-elle. Je vais débuter ma deuxième année. Franchement, de tous les sports que j’ai faits, c’est celui qui me plaît le plus. J’avais testé la GRS, l’escrime et plein d’autres. Je trouve cela dommage que les filles ne fassent pas de rugby à l’école, j’aurais pu commencer plus tôt. »

Sa mère, Patricia, s’y est même mise. « Je fais du rugby touché, précise-t-elle. Je suis même sur le terrain pour la compétition interentreprises s’il y a besoin. Ce sport, c’est de famille. J’étais la seule à ne pas en faire. »

Louanne Lebeault, 16 ans, de Chalon-sur-Saône, s’en fiche d’être dehors par tous les temps. « Ce qui me plaît, même si c’est physique, c’est l’esprit d’équipe et la camaraderie. »

L’équipe féminine des Coquelicots moins de 18 ans du Rugby tango chalonnais.   Photo Nicolas Desroches

Loxton Morne, ancien International sud-africain de rugby et désormais membre du staff du Rugby tango chalonnais avec sa fille, Leeane, 13 ans. Elle a commencé le rugby à six ans.   Photo Nicolas Desroches

« Je pense que sur le terrain, les filles sont plus rentre-dedans que les garçons »

Alors que les filles s’initient au placage, Loxton Morne, ancien international sud-africain de rugby et désormais membre du staff de l’équipe première du Rugby tango chalonnais, court le long du terrain en faisant des passes à sa fille, Leeane, 13 ans. « Elle fait du rugby depuis qu’elle a six ans », explique-t-il. « Et de la GRS aussi », le reprend-elle.

« Je pense que sur le terrain, les filles sont plus rentre-dedans que les garçons, ajoute l’ancien professionnel du ballon ovale. On ne se rend pas compte, mais pour être bon dans ce sport, il faut s’entraîner tout le temps. C’est exigeant. »

Avant de relancer la balle, il y va de ses pronostics : « Je pense vraiment que les filles du XV de France vont remporter la Coupe du monde. »

Il faut tout faire pour que les filles puissent jouer au rugby 

Olivier Gilares, professeur d’EPS au collège Jean-Vilar et en charge du développement du rugby féminin au niveau du département

En 2003, j’ai tout fait pour qu’une section sportive rugby puisse voir le jour au collège Jean-Vilar à Chalon-sur-Saône avant de pouvoir la développer en 2015 au lycée Mathias. À la rentrée, nous allons lancer des ballons d’essais aux collèges de Louhans, Montceau-les-Mines ou encore Montchanin. Il faut tout faire pour que les filles puissent jouer au rugby. Après 15 ans, les clubs, à part celui de Chalon-sur-Saône qui s’en est donné les moyens, n’ont pas d’équipes féminines. C’est bien dommage, surtout quand on voit ce que les filles font sur le terrain.

En chiffre

153Comme le nombre de femmes licenciées au rugby en Saône-et-Loire chez les moins de 15 ans, les moins de 18 ans, et chez les adultes évoluant en fédéral ou en régional. En dessous de 15 ans, les filles se retrouvent à jouer au rugby dans les mêmes équipes que les garçons.

La Saône-et-Loire bien représentée dans le XV de France féminin

Avant le début de la Coupe du monde de rugby féminin en Angleterre du 22 août au 27 septembre, les cosélectionneurs du XV de France féminin, Gaëlle Mignot et David Ortiz, ont élaboré une liste de 32 joueuses retenues pour jouer lors de cette compétition. Le département de Saône-et-Loire a vu plusieurs d’entre elles évoluer sur ses pelouses  : les sœurs mâconnaises Feleu, Teani (12 sélections) et Manae (26 sélections), désormais toutes les deux au FC Grenoble Amazones ; Makarita Baleinadogo, formée à l’AS Mâcon  évoluant au Stade bordelais (première sélection) et la Chalonnaise Marie Morland, ancienne du Rugby tango chalonnais, maintenant au LOU Rugby (première sélection).